Inédite dans la vie quotidienne de chacun·e d’entre nous en raison de l’épidémie mondiale provoquée par un coronavirus inconnu, l’année 2020 a été exceptionnelle pour Mediapart. Notre journal a en effet connu sa plus forte croissance annuelle en treize ans d’existence.
Au 31 décembre 2020, Mediapart comptait 218 099 abonnés payants dont 210 991 individuels auxquels s’ajoutent les abonnements collectifs. Cette augmentation nette de 48 270 abonnés par rapport à 2019 se traduit par un chiffre d’affaires d’un peu plus de 20 millions d’euros (exactement 20 485 401 €), en hausse de 22 %. Représentant 31 % du chiffre d’affaires, notre résultat courant avant impôt augmente de 46 % d’une année à l’autre, atteignant 6 405 514 euros en 2020, soit un résultat net de 4 millions d’euros après impôt et participation versée aux salarié·e·s.
Cette performance s’explique d’abord par le besoin d’une information indépendante et rigoureuse pour comprendre l’imprévu et l’inattendu auquel nous faisons face sans succomber aux mensonges des propagandes. S’y est ajoutée la mobilisation collective de notre équipe qui a fait corps dans l’adversité des confinements avec une remarquable solidarité. Elle nous a permis d’innover, notamment en inventant « À l’air libre », notre émission quotidienne en accès libre, et en livrant dans les délais une nouvelle application mobile de meilleure qualité. Cette mobilisation s’est aussi traduite par l’arrivée de 26 nouveaux collaborateurs durant l’année, portant à 118 nos effectifs en CDI auxquels s’ajoutent 175 pigistes.
Ces chiffres sont détaillés et commentés dans cette brochure. Comme chaque année en mars, à l’occasion de l’anniversaire de son lancement le 16 mars 2008, Mediapart y publie l’intégralité de ses comptes et résultats. C’est un exercice de transparence unique parmi les médias français quels qu’ils soient, numériques, imprimés, audio ou télévisuels. C’est aussi l’occasion de faire connaître, au-delà des contenus éditoriaux de notre journal, l’entreprise que nous avons inventée, l’équipe qui lui donne vie et les défis que nous avons relevés ensemble. Derrière l’étendard d’une presse libre réputée pour ses enquêtes et ses révélations, Mediapart est aussi un laboratoire de recherche et d’expérimentation où s’invente la nouvelle presse de l’ère numérique.
En treize ans d’existence, nous avons à notre actif quatre innovations pionnières qui nous distinguent dans le paysage médiatique et qui, pour certaines, ont fait école.
La première est celle du modèle économique : en pariant uniquement sur l’abonnement en ligne, en excluant la publicité et en refusant les subventions, Mediapart a prouvé que la valeur de l’information passait par le soutien de son public.
La deuxième est celle de l’égalité entre presse imprimée et presse numérique : en défendant la neutralité du support via son combat pour un taux identique de TVA, Mediapart a permis une reconnaissance des journaux en ligne qui les différencie du tout venant des réseaux sociaux.
La troisième est celle d’un journal résolument participatif : en offrant à ses abonnés le droit de commenter et de contribuer, sans autre limite que le respect des lois et de notre Charte de participation, Mediapart reste le seul journal quotidien accompagné d’une agora démocratique qui le prolonge, le complète ou le discute.
La quatrième est celle de l’indépendance économique : en sanctuarisant son capital au sein du Fonds pour une presse libre (FPL), structure à but non lucratif dédié à la défense de la liberté et du pluralisme de la presse, Mediapart a inventé une solution nouvelle pour mettre l’information à l’abri des intérêts privés et protéger son intégrité.
À ces quatre innovations, il faut ajouter la culture professionnelle qui a permis leur élaboration et garantit leur prolongation. Sans l’avoir théorisé, dans une élaboration collective bienveillante, Mediapart a résolument fait le choix de la coopération et de l’entraide. Derrière nos trois éditions quotidiennes assurées par la rédaction, il y a une infinie variété de compétences, toutes au service de la qualité éditoriale et du service rendu aux lecteurs. Ainsi, au lieu d’être sous-traités à d’autres entreprises, nous avons fait le choix de l’intégration de tous les métiers nécessaires à la réussite d’un journal numérique.
La relation avec les abonnés est assurée par un service interne, basé à Poitiers ; il en va de même, à Paris, du pôle marketing, dédié au recrutement et à la fidélisation des abonnés, et du pôle communication chargé des liens avec nos lecteurs qu’ils soient réels (partenariats et événements) ou virtuels (sur nos espaces participatifs et sur les réseaux sociaux) ; enfin, notre équipe technique, basée à Paris et Montpellier, qui mêle les compétences assurant la conception, le développement et l’hébergement de notre site et de notre application, ne cesse de s’étoffer et de se renforcer. Notre pôle gestion et ressources humaines assure la coordination de toutes ces activités et, en 2020, a tout particulièrement veillé à l’accompagnement des équipes face à la crise sanitaire.
Toute cette énergie collective est au service de l’intérêt général car la liberté de la presse n’est pas un privilège des journalistes mais un droit des citoyens.
Edwy Plenel
au 31 décembre 2020
de chiffre d'affaires
de résultat net
26 nouveaux collaborateurs en 2020
Mediapart agit depuis sa création en faveur d’une égalité réelle entre les femmes et les hommes salarié·e·s du journal. Certaines actions relèvent des obligations légales des entreprises, d’autres émanent des réflexions associant au quotidien les salarié·e·s de l’entreprise. En 2020, conformément aux dispositions de la loi Avenir du 5 septembre 2018 visant à supprimer les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, Mediapart a publié pour la première fois son index de l’égalité femmes-hommes qui atteint 99 points sur un maximum de 100 points en 2020 tout comme en 2021.
Au 31 décembre 2020, Mediapart comptait 60 collaboratrices et 58 collaborateurs.
L’échelle de salaire au sein de l’entreprise est de 1 à 3,38.
Mediapart, sous la forme d’un groupe de travail rassemblant tous les services de l’entreprise, s’attelle également à promouvoir les diversités tant dans ses colonnes que dans ses pratiques internes. Ainsi, des procédures de recrutement plus inclusives ont été mises en place en 2020, en direction des salarié.e.s permanent·e·s comme des pigistes, ainsi que des formations de sensibilisation et de promotion des diversités (accessibilité, recrutement, management, etc.). » Lire la suite
Le processus juridique commencé le 15 octobre 2019 avec la sanctuarisation du capital de Mediapart au sein du Fonds pour une presse libre (FPL), via la Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (SPIM), s’est achevé le 17 décembre 2020 avec l’adoption de nos nouveaux statuts et la désignation d’un nouveau conseil d’administration.
Au seuil de l’été 2019, Mediapart avait annoncé l’invention d’un dispositif sans précédent ni équivalent afin de rendre irréversible l’indépendance économique de notre entreprise et de son journal. Désormais, un fonds de dotation, structure à but non lucratif, le Fonds pour une presse libre (FPL), détient tout le capital de notre entreprise via la Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (SPIM). En d’autres termes, Mediapart n’a plus d’actionnaires à proprement parler et son capital est désormais incessible, inviolable et non spéculable.
Le Fonds pour une presse libre remplit en effet une mission d’intérêt général au service de la liberté de la presse dont la sanctuarisation du capital de Mediapart n’est qu’un des aspects. Grâce aux dons qu’il reçoit et aux sommes que Mediapart lui apporte, il aide des médias indépendants et innovants afin de promouvoir un écosystème de l’information libéré de l’emprise d’intérêts privés. » Lire la suite
Conformément à ses engagements depuis 2010, Mediapart ne sollicite ni ne perçoit de subvention, que ce soit auprès de fonds publics (Fonds stratégique pour le développement de la presse) ou auprès de fonds privés (Google, Facebook, Microsoft, etc.).
L’appellation peut sembler obscure, mais l’objectif l’est beaucoup moins. Mediapart a annoncé début octobre 2020 la création d’un poste de « responsable éditoriale aux questions de genre », inspiré des « gender editors » qui existent dans plusieurs rédactions à l’étranger, notamment au New York Times ou à El Diario en Espagne.
Ce nouveau poste, le premier de ce type en France, contribue à un travail sur lequel Mediapart est déjà très investi depuis de longues années, notamment sur les violences sexistes et sexuelles. Il s’agit de s’assurer, en lien avec l’ensemble des services, et en concertation avec les journalistes, que les sujets traités dans le journal « n’oublient pas » la moitié de la population, s’emparent de leurs problématiques spécifiques, et ne les invisibilisent pas dans l’ensemble de la couverture.
Mediapart s’applique par ailleurs à respecter une stricte égalité professionnelle entre femmes et hommes au sein de ses effectifs. » Lire la suite
2020 a été une année de forte croissance pour l’équipe de Mediapart. 25 nouveaux salariés, répartis dans les différents pôles de l’entreprise, nous ont rejoints en 2020, portant notre effectif à 118 collaborateurs, auxquels s’ajoutent 175 pigistes, que nous avons particulièrement souhaité soutenir en cette année difficile.
En 2020, la rédaction de Mediapart s’est régalement renforcée et réorganisée pour offrir une information encore plus riche et diverse. » Lire la suite
Côté projets, nous avons également lancé une nouvelle application mobile et engagé un projet de refonte de notre site.
In Rue89 Strasbourg rejoint un réseau de partenaires indépendants soutenus et relayés par Mediapart, aux côtés de sites d’actualités comme Mediacités (à Lille, Lyon, Nantes et Toulouse), Marsactu et Le Ravi (à Marseille), Le Poulpe (Normandie), Le d’Oc (Montpellier), Factuel (Besançon), Guyaweb (Guyane) ou le Bondy Blog (Seine-Saint-Denis). Un renforcement récent de ces partenariats avec nos « cousins de province » a eu lieu lors des dernières élections municipales et nous entendons approfondir tous ensemble ce rapprochement et cette complicité éditoriale, soit par des reprises réciproques d’articles, soit par la réalisation d’enquêtes conjointes ou de collaborations à notre émission « À l’air libre ».
Avec ces compagnons indépendants, nous allons ainsi pouvoir collaborer plus fréquemment, afin de proposer des enquêtes conjointes, notamment lorsque des sujets locaux ont des ramifications nationales ou, à l’inverse, lorsque des thématiques nationales ont des conséquences locales.Fin 2020 également, Mediapart a initié un partenariat avec la revue La Déferlante, une nouvelle revue trimestrielle consacrée aux révolutions féministes qui s’est lancée en mars 2021, après une campagne de financement participatif réussie.
Le monde a été bouleversé par le Covid-19 en 2020. Le journalisme aussi. Mais fidèles à notre identité, nous ne nous sommes pas contentés d’expliquer les particularités de ce virus, ses origines, de raconter avec humanité les vies perdues, les familles bouleversées, les travailleurs éprouvés, les soignants débordés, les personnes âgées isolées, une jeunesse abandonnée. Nous n’avons pas voulu seulement analyser les causes et les conséquences environnementales du Covid, tenté d’imaginer «le monde d’après»
L’année ne s’est cependant pas résumée au Covid. Le sérieux d’une enquête, son retentissement et ses conséquences se mesurent sur le temps long. Très long. Trop long parfois.
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