Comme chaque année à la date anniversaire de sa création, le 16 mars 2008, Mediapart rend publics tous ses chiffres, comptes et résultats. On ne soulignera jamais assez combien cet exercice de transparence est unique dans le paysage médiatique. Tandis que la plupart des médias indépendants réunis au sein du Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (SPIIL), dont Mediapart est membre cofondateur, s’y obligent, les médias traditionnels encore dominants ne cessent d’opposer un « secret des affaires » illégitime pour maintenir l’opacité sur leur bilans financiers, masquant ainsi l’importance des subventions publiques qu’ils reçoivent de l’État et des aides privées qu’ils acceptent des plateformes numériques.
Alors qu’il entre dans sa quinzième année, Mediapart affiche des résultats qui confirment la solidité de son modèle économique ne reposant que sur le soutien et la fidélité de ses lectrices et lecteurs, 98% de nos recettes provenant de l’abonnement. Après une croissance exceptionnelle en 2020, qui nous avait fait franchir le cap des 200 000 abonné·e·s bien plus tôt que nous ne l’envisagions, l’année 2021 est dans la continuité, avec 213 533 abonné·e·s individuels et collectifs.
Au-delà de cette solide stabilité, son principal enseignement est le caractère structurellement rentable de Mediapart. Avec un chiffre d’affaires en légère hausse (21,3 millions d’euros contre 20,4 en 2020), Mediapart obtient un résultat courant avant impôts de près de 6,3 millions d’euros (6 296 753 € exactement, soit 30% du chiffre d’affaires) et un résultat après impôt et participation de 4 millions (4 007 519 € précisément, soit 19% du chiffres d’affaires).
Loin de se faire au détriment de son développement, cette remarquable profitabilité de Mediapart s’est accompagnée de nombreux développements en 2021. Ce fut le cas notamment avec une nouvelle application mobile ; une nouvelle formule du site ; un renforcement des productions vidéos autour de l’émission quotidienne « À l’air libre » ; la création de nouveaux podcasts ; le partenariat avec la Revue Dessinée ; l’investissement dans la production et la réalisation d’un film documentaire diffusé en salles de cinéma, « Media Crash » ; la croissance des effectifs salariés, passés de 118 en 2020 à 131 en 2021 ; enfin, l’installation fin 2021 de notre siège dans de nouveaux locaux parisiens plus adéquats à la taille atteinte par l’entreprise.
Cette rentabilité de Mediapart est donc obtenue sans aucun des artifices, expédients et faux semblants qui ont cours dans un paysage médiatique dominé par une poignée de milliardaires qui y défendent leurs intérêts privés, cherchant de l’influence et de la protection, au détriment de ce qui devrait être la mission du journalisme : servir l’intérêt public. Elle est la meilleure protection de son indépendance, garantie depuis 2019 par le Fonds pour une presse libre (FPL), structure à but non lucratif au service de la liberté et du pluralisme de l’information, devenu le seul et unique propriétaire de notre journal via la Société pour la protection de l’indépendance de Mediapart (SPIM).
Edwy Plenel
au 31 décembre 2021
de chiffre d'affaires
de résultat net
13 nouveaux collaborateurs en 2021
L’état des lieux est connu : jamais, dans notre histoire démocratique, le monde de la communication n’a connu une telle mainmise d’intérêts privés extérieurs aux métiers de l’information. 91 % des quotidiens nationaux diffusés chaque jour, numériques tout en restant imprimés, appartiennent à une poignée de milliardaires tandis que 44 % de l’audience télévisuelle est contrôlée par trois d’entre eux (Bouygues, Bolloré, Drahi). Avec le rachat du groupe Hachette (Lagardère) par Vivendi (Bolloré) et la fusion de TF1 (Bouygues) avec M6, cette concentration ne peut que s’accentuer.
À la fois horizontale (nombre de médias détenus) et verticale (diversité des activités économiques), cette concentration signifie des abus flagrants de position dominante, des conflits d’intérêts généralisés et des pressions publicitaires sur les rédactions. Jusqu’ici, elle n’a pas rencontré de résistance des pouvoirs publics, qui l’ont même accompagnée. La transformation de fréquences hertziennes en chaînes propagandistes de la haine n’a pas été sanctionnée par l’autorité de régulation. La majorité des aides publiques à la presse tombe dans la bourse des oligarques médiatiques, au point que les journaux possédés par la plus grande fortune française (Arnault, LVMH) en obtiennent près du quart.
À cette complaisance étatique s’ajoutent les accords opaques conclus de gré à gré par ces médias oligarchiques avec les plateformes numériques (Google, Facebook…) qui, en les subventionnant, trouvent ainsi des alliés pour maintenir leur situation de monopole. La question des « droits voisins du droit d’auteur » dûs aux médias par ces « GAFA » a mis en évidence cette collusion, dont s’est émue une mission d’information parlementaire. Au cavalier seul choisi par ces médias afin de conforter leur abus de position dominante, Mediapart, à l’initiative de son syndicat professionnel, le Spiil, oppose une mobilisation collective et coopérative des éditeurs.
Loin de créer des « champions » médiatiques comme le prétendent ces milliardaires, cette concentration affaiblit la démocratie en détruisant la valeur de l’information, son originalité, sa diversité et son authenticité, au profit du clash des opinions, du règne des propagandes et de la montée des haines. Son modèle économique est celui de l’audience, donc de la foule aveugle et de la masse anonyme, au détriment de la construction patiente d’une conversation démocratique entre publics soucieux de vérités factuelles. C’est ainsi que, loin de tirer vers la qualité la révolution numérique, elle en suit la plus mauvaise pente, transformant le divertissement en diversion.
En 2021 et au début de 2022, Mediapart a lancé quatre nouvelles newsletters pour accompagner l’actualité.
La lettre écologie, qui est à retrouver un mercredi sur deux avec les enquêtes et les décryptages du journal sur les blocages mais aussi les rencontres avec celles et ceux qui empêchent de tourner en rond.
La lettre présidentielle, envoyée chaque début de semaine avec des contenus inédits : récit de coulisses, décryptage d’images et de propositions des candidat.es, compte-rendu de lecture en lien avec la campagne, parti pris de la semaine et, bien entendu, les articles qu’il ne fallait pas manquer.
La lettre enquête, à lire tous les week-ends, et qui présente une sélection de nos meilleurs enquêtes ainsi que les coulisses de nos révélations : corruption, violences policières, délinquance en col blanc, ventes d’armes, terrorisme, fuite de données, grand procès, violences sexuelles, discriminations…
La lettre pour tous·tes, qui paraît un jeudi sur deux, avec nos contenus consacrés aux violences sexistes et sexuelles, aux luttes féministes, aux mobilisations LGBTQ+, aux disputes sur le genre, et aux batailles pour l’égalité. Dans nos familles, au travail, nos intimités, et dans la presse.
En plus de son émission quotidienne "A l'air libre" et des entretiens studio, Mediapart décline ses enquêtes en vidéos et offre des contenus explicatifs. Ainsi : "Cinq ans de manifestations disséquées : comment les forces de l’ordre usent des grenades au mépris des règles" ; "Néonazis dans l’armée : l’insupportable laisser-faire du ministère" ; "Didier Raoult : deux ans d’enquête sur une imposture" ; "Tout comprendre sur l’affaire Mimi Marchand-Sarkozy" ou encore "Éric Dupond-Moretti est mis en examen pour « prise illégale d’intérêts »"
Mediapart se décline aussi en audio avec un article lu par jour ainsi que l'Esprit critique nouveau podcast proposé par Mediapart pour inciser l’actualité culturelle, renouveler les voix qui débattent des œuvres et rendre compte des débats esthétiques et politiques qui traversent ce qu’on nous donne à lire ou à voir. Tous les dimanches à 13 heures.
Retrouvez aussi notre série « La relève » sur les jeunesses qui s'engagnent. . Un podcast inédit de Mediapart, en quatre épisodes. Épisode 1 : la lutte finale; Épisode 2 : l’urgence climatique en héritage; Épisode 3 : tous des enfants d’immigrés; Épisode 4 : des jeunes filles en feu
Retrouvez également Défense et illustration des libertés académiques : un Ebook gratuit via le Club ainsi que Rubicon, la conspiration du silence, soyez lanceuse d’alerte : un jeu créé par La Belle Games, Midnight Mood & Mediapart.
Les enquêtes de Mediapart en bande dessinée. La Revue dessinée-Mediapart novembre 2021
190 pages d’enquêtes en bande dessinée. Une sélection des meilleures enquêtes de Mediapart à travers le regard et sous les crayons de La Revue dessinée. Dans le premier numéro de cette nouvelle collection, retrouvez sept enquêtes phares de l’année.
La présidence Macron sous enquêtes. La Revue dessinée-Mediapart janvier 2022
De Rugy, Dupond-Moretti, Benalla, Kohler, Darmanin : la présidence Macron n’a pas échappé aux scandales politico-financiers, contrairement aux promesses faites lors de son accession au pouvoir. Lumière sur un bilan du quinquennat que le pouvoir actuel aurait préféré laisser dans l’ombre. Un album signé Mediapart et La Revue dessinée, avec Bruno Mangyoku au dessin.
Aux portes du Palais. La Revue dessinée-Mediapart février 2022
À la veille de la présidentielle, avec le Rassemblement national aux portes du pouvoir,la place des idées d’extrême droite dans le débat public a changé. Basé sur les principales révélations de Mediapart, ce récit dresse un portrait précis et étayé de la vitalité de ce courant politique en France. Jusque dans les urnes ? Un album signé Mediapart et La Revue dessinée avec Hervé Bourhis au dessin.
Censures, autocensures, pressions… : pour la première fois, un docu- mentaire démontre les ravages de la concentration des médias en France. Un documentaire coproduit par Mediapart et Premières Lignes.
Il y a ce que vous voyez, ce que certains souhaitent que vous voyiez, et ce que vous ne voyez pas. Jamais la France n’a connu une telle concentration des médias privés. Quelques industriels milliardaires, propriétaires de télé- visions, radios, journaux utilisent leurs médias pour défendre leurs intérêts privés. Au détriment de l’information d’intérêt public.
En cachant ce qui est essentiel, en grossissant ce qui est accessoire, ces médias façonnent, orientent, hystérisent pour certains le débat. Les grands perdant·es sont les citoyen·nes.
Les journalistes de Mediapart et de Premières Lignes s’associent pour raconter la coulisse des grands médias. Révéler des censures et des auto- censures. Des journalistes témoignent de pressions. Entre influence et agenda politique de moins en moins caché. Avec la complicité de certains responsables politiques, qui s’en accommodent volontiers, quand ils n’exercent pas des pressions eux-mêmes.
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